• Qu’avaient-ils donc été lui raconter ? Elle était l'une des seules personnes avec qui j'avais pu garder contact et je l'avais un peu … perdue.

     

    Nous avancions à travers la forêt, jusqu'aux portes de ''mon'' Empire. Il y avait des pièges que seuls les membres connaissaient mais elle s'obstinait à marcher devant sans vouloir ni me parler ni me regarder. Un passage que je connaissais bien apparu devant mes yeux, je la stoppai de justesse.

     

    Une flèche effleura quand même son manteau alors que je la poussais sur le côté, dans une des fosses, à l'abri des projectiles. J’atterrissais sur elle. Cela me rendit nostalgique et me fit rappeler le temps où l'on avait fait des missions ensemble mais un seul regard me fit reprendre mon sang-froid, glacé.

     

    - Hé, me demanda-t-elle en se relevant, pourquoi étais-tu là la nuit où mes parents sont morts ?

    - ...Pourquoi cette question ? Tu penses que je les ais tués ?

    - Ouais.

     

    Ses mots, prononcés sans hésiter, me firent mal au cœur. Je m'imaginais quelles sortes de choses on avait dû lui raconter et à chaque idée, je me sentais un peu plus en colère. Mais c'était compréhensible alors je me mis à lui raconter.

     

    Je me souvenais d'une maison en flammes, de ma respiration paniquée et trop bruyante que j'essayai de camoufler alors que des inconnus couraient partout et criaient. Un emblème brûlait au sol, un emblème de serpent. Et là, dans une des rares pièces non atteintes, une jeune fille un peu plus jeune que moi inconsciente.

     

    - Il y a dix ans, je venais à peine d'intégrer le Clan, je n'avais pas encore de grande réputation et la plupart de mes missions impliquait seulement le meurtre. Pourtant, un jour, on m'a donné une mission sortant de l'ordinaire : ''Ce soir, un massacre aura lieu. Il y a une fille dans cette maison, sors-la de là.'' Je me suis infiltrée et t'ai sauvée, c'est tout.

    - ...

    - Ce n'est peut-être pas très croyable de ma part, j'avoue. Si tu ne me crois pas, ce n'est pas grave, ça n'a pas trop d'importance.

     

    Je passai alors devant, elle sur mes talons. Je continuai à me diriger à travers la forêt d'un pas que je voulais léger mais qui, au contraire, était lourd et me pesait, comme mon cœur. Je n'allais pas mentir en disant que son comportement ne m'atteignait pas ; cela me blessait douloureusement qu'elle me déteste.

     

    En rentrant dans la résidence de l'Empire, je lançais un ''Je suis de retour !'' sans réponse, un silence plat régnait. Je me dirigeais vers le frigo et pris une canette que je bus à grandes gorgées.

     

    - Oh c'est toi Lana. Tu en as mis du temps pour revenir de tes recherches !

    - Désolée Kal', je me suis faite capturée … Je te raconterais ça plus tard. J'ai besoin de voir pour une négociation.

    - Fais ce que tu veux, tant que tu t'en sors indemne. Lis' est là-haut.

    - Merci encore !

     

    J'étais heureuse de le voir rétabli. Lors de la dernière mission, il avait été gravement blessé et je ne l'avais revu depuis mon départ. Alors qu'on traversait la maison et que l'on se retrouvait dans l'ascenseur, je conversai un peu avec Clara. Bien qu'elle ne semblait pas en avoir grand-chose à faire.

     

    - Ce gars-là, c'était Kalen. Son pouvoir c'est « Cœur Mécanique », cela lui permet d'utiliser le métal à sa guise, de créer des robots ou … des trucs dans le genre. On va voir Liska, c'est un peu le manager au niveau des entretiens.

     

    Les portes s'ouvrirent et je m'avançais dans le couloir éclairé, jetant des coups d’œil à travers les salles. Je finis par arriver dans le salon. C'était un espace détente et de réunion avec quelques bureaux et sofas, une télé et des jeux vidéos. Des membres traînaient de ci et de là, avachis sur les canapés, tous relevèrent la tête pour me saluer.

     

    Liska était assise à son bureau, en pleine analyse des docs, sûrement pour s'assurer de l'officialité des missions. Je m'emparai d'une chaise et jetai un regard aux feuilles tandis que Clara s'assit à côté, vraiment en mode je-m’en-foutisme.

     

    - Il faudrait voir pour faire une Alliance.

    - Je suis contre bien entendu. Mais je suis sous tes ordres, ma chère impératrice, alors dirige comme bon te semble cet empire !

    - Réunis les autres. Clara, vas attendre dehors.

     

    Ce n'était pas une proposition mais un ordre. Elle fronça les sourcils mais quitta la pièce. Les concernés, sitôt appelés, arrivèrent dans la salle, la remplissant entièrement.

     

    - Donc ! Je suppose que ça fait longtemps que je ne vous ai pas tous réunis. Je vais passer les formalités. L'Association et le Clan nous proposent de s'allier avec eux. Ce serait, bien entendu, avantageux car nous serions plus en sécurité, d'autant plus que ce serait l'occasion idéale pour abattre notre ennemi : la SP.

     

    Le silence envahit la pièce quelques instants. Tout le monde semblait réfléchir à la situation de sa propre initiative.

     

    - C’est vrai. Quelqu'un s'y oppose ? Souffla Carole en tête de la foule. Non ? Très bien. Qui accepte d'y aller dans les hauts-dirigeants ? Oui, Kalen ?

    - Moi, j'ai envie d'y aller mais, du coup, Lis, Yan et toi, devez venir. Demain, 16h, à la place d'Eléon.

    - Tout le monde est d'accord ? Très bien. Je suis heureuse de vous avoir tous revus. N'oubliez pas que, peu importe vos rangs, tout le monde compte et est important, alors soyez prudents. Vous pouvez disposer.

     

    En me levant, je vis mon bureau, auquel je ne m'y étais pas installée depuis longtemps. Tout semblait impeccable, sans aucun grain de poussière. Pourtant, un seul tiroir semblait oublié de tous, fermé à clé.

     

    Je l'ouvris et déversais son contenu dans mon sac. Ou plutôt, la seule chose qu'il contenait, puis le refermais avant de rejoindre Clara. Je lui indiquais les coordonnées et nous rentrâmes à l'Alliance.

     

    Elle fila faire son rapport tandis que moi je montais sur toit.

     

    J'étais assise au bord du vide et j'avais peur de moi mais, seule, avec de sombres pensées, j'étais assise au bord de moi et j'avais peur du vide. Douloureusement amère, la solitude me pesait comme jamais et me faisait penser à tout ce que j'avais fait, tout ce que j'avais perdu.

     

    Ressassant mes tristes pensées, je me mis à fredonner en fixant au loin le soleil. Bien vite, une présence se glissa à mes côtés, m'interrompant net.

     

    - … C'est Jess ? Cela fait longtemps !

    - Ouais. Salut Lana.

     

    Il vint s'installer à mes côtés avec un naturel qui me surprit un peu mais je ne me dégageai pas. La présence de quelqu'un à mes côtés me rassurait et nos jambes qui se frôlaient rejetaient un peu la solitude. C'était l'une des seules personnes qui semblait m'apprécier un minimum au Clan.

     

    - Eh, au fait, je n'ai jamais eu l'occasion de te remercier pour m'avoir aidé à m'échapper du Clan.

    - Ce n'est rien. J'avais juste le sentiment que je devais le faire, que c'était très important pour toi. Tu avais un passé qui te pesait déjà mais je pensais qu'il te restait des choses à accomplir, ailleurs qu'ici.

     

    Il finit sa phrase presque en murmurant et aussitôt, le glas d'une horloge lointaine se mit à résonner. Qu’avait-il su lire exactement en moi ? Je l'ignorais mais j'avais besoin de compagnie après cette longue journée. Je me sentais un peu mal. Un peu seule, en fait.

     

    J'avais envie de bouger, de m'enfuir quelque part d'autre, de m'isoler un peu de mes soucis pour une fois. Et c'est alors qu'un lieu en particulier s'imposa dans mon esprit. Pourquoi ne pas l'emmener avec moi aussi ?

     

    Lui qui a peine son arrivée au Clan, son amitié formée avec moi, m'avait aidé à m'échapper ?

     

    - Génial ! Suis-moi.

    - Où ?

     

    Je l'entraînais à travers une longue promenade montante, bordée de végétations et il me suivait, le regard inquisiteur. Les sentiers me semblèrent plus courts qu'autrefois et je ralentis ma démarche dès que nous fûmes arrivés sur une plaine dégagée, presque entièrement protégée du vent par des murailles de pierre fissurées de ci et de là.

     

    Je m'allongeai au sol au sol, près d'un ruisseau, tandis qu'il fit de même. En me fixant, impassible, il semblait essayer de lire en moi.

     

    - Ce fut un point de retrouvailles. Ce sont les ''Ruines d'Empire'', tu dois être un des seuls à qui je l'ai montré.

    - Tu … t'en veux non ? Par rapport à une affaire qui influence encore le présent, le secret de ton passé.

    - D'où tiens-tu ces informations ?

    - J'en ai entendu parler par Edgar. Vous étiez proches, assez pour pouvoir lui en dévoiler davantage mais tu ne l'as pas fait. Ce qui m'amène à la question suivante : qu’as-tu à te reprocher ?

     

    Le silence fut ma seule réponse car je ne pouvais m'estimer en droit de parler de cela pour l'instant. Bien entendu, je pouvais le faire et me libérer un peu du destin qui me pesait tant mais cela pouvait aussi être une erreur de ma part.

     

    Était-ce une bonne raison de dévoiler des secrets qui pouvaient remonter à la surface ? De ne pas tout garder pour moi ?

     

    Je ne voulais pas.

     

    Parce que mes secrets, une fois dit, ne m'appartiennent plus. Impossible de savoir jusqu'où ils vont aller, à qui ils vont être raconté. Et c'est quelque chose que je ne peux pas permettre. Pas encore.

     

    - Mes raisons ? Eh bien, ça reste un secret pour l'instant ! Peut-être que tu comprendras et découvriras tout ça, un jour mais je n'en dirais pas plus. Bref, pourquoi es-tu si aimable ?

    - Huh, je ne le suis pas. Je me posais juste des questions pour m'assurer que tu n'étais pas une ennemie.

    - Verdict ?

    - De toute évidence, tu ne l'es pas.

     

    Un petit rire m'échappa. Comme souvent, il sortait sa conclusion si simplement que c'en était troublant. Il était toujours sûr de ce qu'il avançait.

     

    - En y repensant, tu ressembles beaucoup à Alban. C'est étrange, vous tissez de beaux liens très doucement durant cette alliance. Mais cela risque de s'effondre, sitôt celle-ci défaite. Cela ne te dérange pas ?

    - Je ne vois pas pourquoi tu parles de Meyers.

    - Ainsi, tu l'appelles par son nom de famille et inversement ? Vous êtes si proches pourtant !

     

    Je poussai un soupir. Le Clan et l'Association n'avaient fait qu'un cessez-le-feu, dès qu'il serait fini, leur guerre reprendrait. Ils s'étaient livrés bataille acharnée depuis bien trop longtemps, je ne voulais pas la voir reprendre mais cela restait une possibilité future.

     

    - Je vais passer ce que tu viens de dire. Que s'est-il passé pendant tes trois ans d'absence ? Qui as-tu retrouvé ? Je me demande …

    - Pff. Tu pourrais être un bon gars malgré tout !

    - Qui te dit que je suis un garçon ?

     

    Je ne m'y attendais pas. Il faut dire que tout, de sa manière d'agir à sa façon de s'habiller, on aurait vraiment dit un garçon ? Son sourire narquois ne m'aide pas à savoir s’il dit la vérité.

     

    Il … ou elle, du coup, a des cheveux noirs attachés en un chignon noir fin et soigné, de grands yeux bleu nuit, une tendance à porter des vêtements sombres, notamment une longue cape noire.

     

    J'avais beau me creuser la tête, je ne trouvais pas vraiment. Son apparence n'était pas si androgyne que ça et s’il ne me l'avait pas dit, je ne l'aurais pas remarqué. Mais j'aurais bien senti une certaine allure de fille ?

     

    Quoiqu'il en soit, et tant que je n'avais aucune autre information, je préférais faire comme si je n'avais rien entendu.

     

    Je me relevais, époussetant mes vêtements et lui souriais avant de retourner à la base provisoire de l'Alliance. C'était un bâtiment éloigné de la ville mais solide et blindé. Si les accords concluaient, je devrais faire en sorte de tous les protéger.

     

    Cela me faisait du bien de penser à un endroit où tous les gens qui m'étaient chers, mes amis, seraient réunis. Malgré leurs principes, tout le monde arrivait à coopérer presque correctement. Dès le lendemain, je me dirigeais vers les prisons. L'interrogatoire allait démarrer.


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  • Shiro et Kuro étaient enchaînés, chacun à un bout de la pièce, encore dans les vapes, ils semblaient délirer à moitié. D'un claquement de doigts, Shiro fut libérée en première. Je savais bien que si elle n'acceptait pas de collaborer, j'allais devoir me montrer convaincante, froide et, surtout, menacer son frère.

     

    Un total mensonge bien sûr, je ne pourrais jamais leur faire de mal. Je les ais recueillis et élevés comme la famille, le frère et la sœur, que je n'avais jamais eu. Les tuer maintenant après tout ce que j'avais déjà perdu ? Hors de question.

     

    Mais le troc fonctionnait comme ça. La seule chose pour laquelle ils étaient prêts à mourir était la vie de leur moitié.

     

    - Comment saviez-vous où nous étions ? Comment avez-vous planifié cette attaque ?

    - Je ne peux rien te dire Lana. Tu es notre ennemie.

    - C'est regrettable. Nous étions en bon terme avant, pourquoi vous êtes-vous enfuis dans la SP ? Tu sais très bien que c'est moi qui vous ai sauvés et donc …

     

    Je murmurai d’un ton doucereux avant de la saisir par les cheveux et de la tirer vers le haut, un sourire hautain sur le visage, pour la terrifier encore plus, en total bluff.

     

    - Je pourrais très bien vous ôter la vie. N'importe qui le pourrait d'ailleurs. Mais tu sembles oublier que j'ai le contrôle sur ton frère. Je pourrais faire en sorte qu'il ne se réveille jamais. Réussirais-tu à vivre avec cela sur la conscience ?

    - Je … Tu sais que non. Je ne voulais pas ça.

     

    Un sourire victorieux se dressa sur mon visage. Il en avait suffi de peu, de menaces, et j'avais obtenu ce que je voulais. Leur allégeance à la SP n'était que du vent, après tout ce que les scientifiques leurs avaient fait. Je me demandais même comment ils avaient pu retourner à leurs côtés.

     

    - Effectivement, je vous connais bien.

    - La SP veut le livre et elle est convaincue que l'un d'entre vous l'a. Après … après une interminable session, elle a réussi à vous localiser via un des oiseaux de Kuro.

     

    Une interminable session ? De la torture pour sûr. Ils en avaient bavé tous les deux d’être à la SP. J’en étais triste. Ils l’avaient fuit et elle les avait tout de même rattrapés.

     

    - Leur but est de ramener deux Impereurs : Imperaeau et Imperaair. Ils ont les réceptacles mais sans … sans la conscience, cela ne sert à rien. Lana, je t'en supplie, on va se faire tuer pour ce que je t'ai dit alors sauve nous.

     

    Ils voulaient faire revenir les deux Impereurs ? Comment ? Avaient-ils … gardé les corps d'Ellie et de Tyan ?

     

    - Bon, soupirais-je parce que je savais que c'était la vérité, tout d'abord, je vais vous libérer et-

    - Non ! Ils savent pour le rendez-vous. Ils vont se faire attaquer et la négociation va échouer, alors vas- y.

     

    Activant « Loi de la Nature », j'apposais un sceau de protection sur la port. Puis d'un claquement de doigts, je réveillai Kuro qui, surpris, commença à jeter des regards tout autour de lui. Je m'élançais vers la sortie.

     

    - Si jamais vous êtes attaqués et que le sceau est brisé, envoyez-moi un de vos oiseaux, j’accouerai.

     

    Je courrais, courrais à travers les champs et prairies. Je savais le point de rendez- vous non loin et, finalement, je débarquais dans le parc. Edgar était à terre, Alban et Jess, eux, semblaient bien s'en sortir, en revanche, Clara était légèrement dépassée.

     

    Plus loin, le chef du Clan et le chef de l'Association combattaient dos à dos, pas vraiment en difficulté mais surpassés en nombre.

     

    À l'autre bout, Yan était mal en point et avait l'épaule ainsi qu'une partie de son bras droit en sang. Tant bien que mal, j'arrivais à ses côtés et le soignais avant de continuer d'observer le champ de bataille.

     

    À ma droite, Liska s'était jetée furieusement sur un garçon, Kalen utilisait tant bien que mal son pouvoir, essayant de trouver du métal dans les environnements mais, étant énormément fatigué, il semblait avoir du mal à se concentrer. Carole, en bon chef, les protégeait en se débarrassant des nombreux ennemis qui les encerclaient.

     

    Je remarquai que la plupart des subordonnées abordaient des combats en un-contre-un tandis que les dirigeants avaient des débordements par nombre. Je ne comprenais pas cette tactique d'autant plus que leurs meilleurs n'étaient pas ici.

     

    Ils avaient pris soin de blesser d'abord Edgar pour qu'il ne puisse annuler les pouvoirs, c'était très intelligent de leur part. Une main se posa sur mon épaule, c'était Zane, l'un des deux lieutenants principaux de la SP, mais où était Tania, sa partenaire de toujours ?

     

    - Hey mais si ce n'est pas ma chère Lana ! Tu es venue te joindre à notre petite fête ?

    - On se passera des formalités, où est Tania ?

    - Je te le dirais si tu me donnes l'Ombre- Lumière. Eh oui les autres, écoutez bien ! S'exclama- t- il tourné vers les combattants qui s'étaient figés, pendus à ses lèvres. Lana est celle qui le possède, il est là sous vos yeux depuis le début, dans sa sacoche !

     

    D’une certaine manière, il me faisait rire à vouloir me faire passer coupable et faire en sorte de retourner les autres contre moi. C’était le revers de sa personnalité. Parfois il avait des accès de gentillesse, la reste du temps, c’était un véritable démon.

     

    - Je n'ai pas à m'expliquer auprès de toi. Surtout sur ce sujet. Était-ce toi qui a ainsi malmené Shiro et Kuro ?

     

    Sa manière de parler, son apparence, tout m’insupportai chez ce type. J’avais juste envie de le frapper mais me retenait pour une seule raison. Son sourire avait vacillé et son regard s'était vidé à la notion des jumeaux, pourquoi ?

     

    - Comme si je pouvais leur faire quoique ce soit …

     

    Au fond de ses prunelles, je pouvais y voir un profond trouble et de l'affection sincère. Il était attaché à eux d'une certaine manière. C'était bien étonnant. Au milieu du tourbillon d'émotions que je lisais, je vis de la peur, une grande peur.

     

    Cela donnait l'impression qu'il savait que quelque chose allait se passer mais était tout à fait impuissant. Et je compris aussitôt.

     

    - Je sais à présent où est Tania, merci.

     

    Je me remis à courir cette fois en direction de la base et, en voyant un drôle d'oiseau sombre se poser sur mon épaule, j’accélérais encore plus. Essoufflée, j'entrais avec violence dans le bâtiment et me ruais vers les prisons. Un cri d'horreur et des sanglots me parvinrent quand j'arrivai en vue de la scène.

     

    Tania se tenait debout, dos à moi, utilisant « Conte de Fées », un pouvoir lui permettant d'invoquer des esprits protecteurs, de voler et de tirer des rayons lumineux grâce à deux pistolets qui apparaissaient sur ses avant- bras.

     

    Kuro tenait Shiro dans ses bras, inanimée, elle semblait respirer difficilement, elle avait été transpercée au niveau de l'abdomen, elle saignait abondamment. Il pleurait sur le corps de sa sœur en murmurant son prénom.

     

    Attristée par le spectacle, je dégainais mon pistolet, pour la première fois depuis longtemps, rangé à ma taille, et le braquai sur la tempe de l'ennemie.

     

    - Ne fais plus un geste ou je tire.

    - Voyons, tu ne ferais pas ça. Tu ne me ferais pas ça ?

     

    Je lâchai un petit rire désabusé parce qu'elle essayait de me contrôler et de m'influencer avec son ton mielleux mais elle ne me connaissait pas, ou du moins j'avais changé. Je retirai la sécurité de mon arme et l'entendis déglutir.

     

    J'en avais déjà assez d'elle. Je ne l'avais jamais aimé mais qu'elle fasse du mal aux jumeaux …

     

    Sans prononcer un seul mot, je l’assommai d'un coup sec à la tête. Elle s'effondra alors au sol immédiatement.

     

    Kuro releva le regard vers moi, désespéré. Je ne pouvais m'empêcher de vouloir les aider, les sauver à chaque fois car ils m'étaient trop semblables. J'étais incapable de leur vouloir sincèrement du mal, ils ne le méritaient pas. La vie était dure avec eux.

     

    - Lana, Lana, que dois-je faire ? Elle s'est jetée sur moi pour me sauver et maintenant, elle...

    - Chut. Calme-toi. Ça va bien se passer, tout va bien se passer. Je vais la soigner alors pose-la, éloigne-toi et profites-en pour te calmer. Murmurais-je en lui caressant les cheveux pour l'apaiser comme je l'avais déjà fait quelques fois.

     

    La guérison serait un peu longue ; le temps que je stoppe l’hémorragie et ferme la plaie. Mon pouvoir s'activa au-dessus de la blessure, diffusant une lumière violette, et, petit à petit, tout se résorbait.

     

    Je sentais mon énergie partir et voyais le teint de Shiro reprendre des couleurs. Quand tout eut enfin totalement disparu, je m'effondrai, épuisée mais encore consciente. Kuro se pencha au- dessus de moi, inquiet de ma santé et plein de gratitude.

     

    - Hey, tu vas bien ?

    - Juste fatiguée. Transporte avec moi Shiro jusqu'à l’infirmerie.

    - Okay.

     

    Je savais qu'il ne fuirait pas car sa sœur était blessée. Être avec moi lui rappelait quelques souvenirs sûrement.


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  • On remonta les escaliers péniblement et, après deux ou trois couloirs de traversés, on arrive enfin à l’infirmerie. On déposa Shiro sur le lit le plus proche et je m’effondrais sur celui d’à côté. Je ne m’endormais pas, non, je devais encore expliquer aux autres ce qui s’était passé mais avant tout…

     

    - Kuro, je vais te faire confiance. Prends le livre qui est dans ma sacoche et camoufle-le sur un de tes oiseaux. Il est très précieux alors prends-en bien soin et, surtout, si on te demande quoique ce soit à son propos, dis que tu n’en sais rien. Ne dis rien à ta sœur non plus.

     

    Ma voix se transformait en murmure au fur et à mesure de mes paroles, il les entendit quand même. Son regard se fit hésitant et il baissa quelques instants les yeux avant de les relever, déterminé.

     

    - Je te crois Lana et je le ferais. Je te dois bien ça non ? Pas seulement pour aujourd’hui, mais pour cette dette envers toi que nous aurons à vie, je tiendrai ma langue. Promit-il sincère.

     

    Je me souvenais de ce dont il parlait.

     

    17 ans, capitaine du Clan, je me promenais dans la rue à la recherche mon missionnaire, j'avais trouvé deux adolescents d'une dizaine d'années à tout casser.

     

    Crasseux, en loques, ils étaient pauvres. Roulés en boule, habillés respectivement l'un en noir, l'autre en blanc, ils portaient des espèces de sweat, trop grands pour eux, qui ne leurs arrivaient qu'à mi-cuisses. Le reste de leurs jambes était nu, exposé à la pluie et ils ne portaient pas de chaussures.

     

    De leurs capuches rabattues à la va- vite dépassait des cheveux châtains mais sales, ce qui m'intrigua le plus ce fut leurs yeux. La jeune fille avait l’œil droit rouge et l’œil gauche blanc tandis que le jeune garçon avait l’œil gauche rouge et l’œil droit noir. Trempés, gelés jusqu'aux os, ils se tenaient l'un contre l'autre, leurs mains étroitement liées.

     

    Ils me faisaient penser à … Alex, Tyan, Ellie et moi. Des enfants perdus dans un monde cruel, froid, trop grand et qui tente sans cesse de les tuer. Un endroit où personne ne veut d'eux.

     

    J'avais tendu la main vers ces deux jumeaux, avais reporté la mission et les avais emmenés chez moi. Tout ce que j'aurais voulu avoir à l'époque, je leur ai donnés ; un repas chaud, des vêtements à peu près à leur taille, une place que l'on pouvait appeler maison.

     

    - Quel est votre nom ?

    - On n'en a pas.

    - Votre âge ?

    - 11 ou 12.

    - Votre date d'anniversaire ?

    - En décembre ou en juillet, quelque chose comme ça …

     

    Je m'étais entichée de deux enfants. Ce n’était pas très conseillé vu mon métier. Mais bon, je ne pouvais pas les laisser là. Cela m'aurait été impossible, moralement parlant.

     

    Durant le mois qui suivit, entre mes missions, je m'occupais d'eux, leur apprenant les bonnes manières, les bons côtés de la vie, le fait d'avoir une vie tranquille et chaleureuse.

     

    Je les aimais, comme un frère et une sœur, la famille que je n'avais eue. Bien sûr, je me sentais à ma place dans le Clan mais ce n'était pas chaleureux. Amical au maximum.

     

    - Shiro et Kuro !

    - Shiro ?

    - Kuro ?

     

    Leurs mines s’étaient tordues d’une telle perplexité que je dus me retenir d’éclater de rire.

     

    - Vous n'avez pas de réels prénoms, pas vrai ? Alors j'ai décidé de vous en trouver. Shiro veut dire blanc et Kuro noir en japonais. Mais si vous n'aimez pas, je peux chercher autre chose ou vous pouvez décider vous-même.

    - On n'y avait jamais pensé mais Kuro

    - Et Shiro, on aime bien !

    - Je suis contente alors !

     

    La fierté m’avait envahie. J’étais réellement heureuse de leur avoir trouvé un nom, de pouvoir les appeler ainsi à partir de maintenant. Eux- aussi semblaient ravis.

     

    - On voulait te parler un peu de nous, pour te remercier en quelque sorte alors, Kuro …

    - Oui. Nous sommes des enfants maudits à cause de nos yeux et … de nos pouvoirs. Nous avons été créés en partie artificiellement, comme d'autres, par le centre Demonic.

    - Nous avons été construits à partir de cellules, de corps, engendrés par une mère porteuse, conservés dans un blinder. Nous, les jumeaux, étions rares. Ils ont décelé du potentiel et donc nous ont exploités, torturés. Mais un jour, on a réussi à s'enfuir à peu près et … tu nous a trouvés.

    - Merci Lana, grâce à toi, on est encore en vie. Si tu ne nous avais pas sauvé, on aurait été retrouvé par la société ou on serait morts de faim. On te doit tellement.

     

    Leur histoire m’émouvait, renforçant l’affection que j’éprouvai à leur égard. Tous les trois, nous avions subi les horreurs du laboratoire Demonic.

     

    - Je n'aurais pas pu vous laisser. Vous m'avez rappelé certains amis et moi.

    - Tu nous raconteras ?

    - Peut-être plus tard, pour l'instant je n'ai pas encore … Oubliez ça. Ne tenez pas compte du fait que je vous ai sauvé, ne le prenez pas comme une dette. Ne vous en faites pas et, juste, vivez votre vie pleinement, ça me suffira comme récompense de savoir que vous êtes heureux.

     

    ''Ne gâchez pas votre vie...'' C'est ce que je n'avais pas dit et, deux ans plus tard, je les avais laissés à l'Empire, en sécurité, loin de moi. Tandis que je trahissais tout le monde et m'enfuyais, pendant que je tuais ceux qui m'étaient chers.

     

    D'un coup, l'infirmerie me sembla bien plus sombre. Me remémorer tout ça n'avait jamais rien de bon. Kuro me fixa d'abord tristement puis vint me prendre dans ses bras. C'était réconfortant, affectueux, il avait bien grandi, hein.

     

    - Au fait, quel est son nom ?

    - C'est l'Ombre-Lumière.

     

    Il écarquilla les yeux un grand coup en entendant ma réponse. Je savais qu'il connaissait la réputation du livre et donc son pouvoir. Et dire que je possédais ce que tout le monde cherchait, c'était risible. Mais personne ne devait mettre la main sur cette abomination.

     

    - Je ne comprends pas pourquoi nous sommes partis de l'Empire. Là-bas, ils n'ont pas été plus conciliants durant notre retour. On est passés de Demonic à la SP et pourtant, on aurait dû rester avec toi, tu as été si seule... ! Je suis désolé.

    - Ne t'en fais pas. Le plus important c'est que vous soyez ici à présent.

     

    Je laissais mon bras pendre dans le vide tandis que je fixais du coin de l’œil Kuro. Il ouvrit la sacoche précautionneusement, me faisant presque rire tant c'était amusant à voir, puis sortit le livre et matérialisa une petite pie au pelage argent.

     

    Sans qu'il n’eût besoin d'esquisser le moindre geste, le livre s'enroula autour de sa patte, gagnant des proportions plus petites, et se transforma en un simple parchemin, détail si minuscule que personne n'y prêterait attention. Il m'adressa un regard surpris et intrigué auquel je répondis par un sourire.

     

    - Je ne sais pas trop comment il le fait ça, il le fait et c'est tout. Une de ses capacités de livre magique je suppose.

    - Plutôt pratique quand même ! S'exclama-t-il joyeusement en s'installant à mon chevet, la pie gambadant sur son épaule.

     

    Des voix se firent entendre ; les autres étaient de retour. Je me demandais si la négociation avait réussi, s’ils acceptaient de détruire la SP ensemble. Cette idée me fit sourire car je pourrais peut- être enfin lui porter le coup fatal, à elle comme à Demonic.

     

    Je détestais ce centre ; il nous avait tout volé, il nous avait arraché à nos familles pour faire leurs expériences ! Pour tester nos pouvoirs !

     

    Mais le pire avait été quand j'avais été séparée de Tyan, Ellie et Alex. La rage, la colère, la tristesse, s'étaient canalisés et je … j'avais explosé, tuant tous les scientifiques, faisant évacuer le labo. Je m'étais retrouvée plus seule que jamais à 13 ans.

     

    Pendant un an, je les avais recherchés sans relâche mais sans résultats, en comptant sur mes pouvoirs pour vivre. Puis j'avais rejoins le Clan. J'avais mis deux ans avant de devenir capitaine et d'être proclamée ''l'un des détenteurs les plus puissants'' par les autres, ce qui m'avait fait bien rire d'ailleurs.

     

    Mes pensées furent interrompues par une vive douleur qui me saisit l'épaule quand je tentais de me relever. En passant ma main, elle fut recouverte d'un liquide rougeâtre : du sang. Ma plaie s'était rouverte. Kuro prit en charge ma blessure sans même que j'ai à lui demander.

     

    Il m'ôta ma veste puis commença à compresser pour arrêter l’hémorragie avec des gestes précis, lents et doux. Il désinfecta avant de bander soigneusement. Pendant ce temps, Yan vint s'échouer sur le lit à côté de moi, épuisé, comme beaucoup d'autres qui le suivirent.

     

    Son torse était dénudé, ce qui était rare, et déjà recouvert d'un bandage. J'avais cru apercevoir le début d'un tatouage – un serpent peut- être ? - sur son dos mais c'était impossible à confirmer car il était à présent couvert.

     

    - Ah, je suis arraché p'tain.

    - Comment s'est fini le combat ?

    - Ils se sont tous immobilisés d'un coup dès que leur chef là, Zane, leur a ordonné de se retirer. Je suppose que tu n'y es pas étrangère ?

     

    Un sourire m’échappa. D’une certaine manière, j’étais impressionnée que Yan croit autant en moi.

     

    - J'ai endormi Tania, une autre chef, qui a essayé de les tuer. Faisais-je en désignant les jumeaux d'un mouvement de tête.

    - Ahah ! Tu n'aimes vraiment pas qu'on s'en prenne à ta famille, hein ?

    - Ce n'est pas vraiment ma famille mais … ouais.


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  •  

    Je me souvins alors d'avoir laissé Tania sur le sol de la prison. Je sortis précipitamment du lit en essayant de ne pas déranger Kuro qui s'était endormi contre mon épaule. Je me sentis étourdie à peine levée.

     

    Je n'étais pas entièrement remise mais je sortis quand même de l'infirmerie. Chancelante, je ne pus faire qu'une courte distance avant de m'effondrer sitôt rattrapée par … Edgar ?

     

    - Hey, tu vas bien ?

    - Oui. C'est bon je n'ai pas besoin de ton soutien.

     

    Il ne m'avait pas parlé, semblait m'avoir haïe durant tout ce temps alors que je croyais qu'il me comprenait. Je ne savais pas comment réagir face à sa soudaine inquiétude envers moi, comme si de rien n'était.

     

    J'avais souffert du fait que, même lui, n'avait pas pris ma défense. Qu'il ait pu penser que je l'avais trahi. Mais à peine j'essayai de me dégager de son emprise qu'un nouveau malaise se fit sentir.

     

    Il me rattrapa à temps et passa mon bras sur son épaule, offrant un appui non négligeable pour mon corps tremblant.

     

    - Où veux-tu aller ?

    - Aux prisons. Dis-je, à contrecœur, car je savais bien que je ne pouvais y aller seule.

    - Okay.

     

    Son appui était solide, confortant et me permis de m'y rendre sans tomber une seule fois. Mais le spectacle qui m'attendait fut … déconcertant.

     

    Alex portant Tania dans ses bras. Sur lui, un long manteau noir, semblable à celui de celle qu'il porte, aux rebords dorés sur les manches et le col tandis que, sur son bras droit, luisait fièrement un insigne de flamme rouge contenant une étoile aux contours dorés et à l'intérieur noir.

     

    Je ne reconnaissais que trop bien ce manteau et cet emblème. Chaque lieutenant de la SP en possédait un. Je pâlissais et, lui, se tournant vers moi, me lança un regard noir de haine.

     

    - Alex … non … pourquoi ?

    - Tais-toi. Tu nous as abandonnés, tu m'as abandonné !

     

    Pourquoi croyait-il cela ? Comment pouvait-il croire cela ? Que lui avait donc fait la SP ? J'avais peur de la réponse.

     

    - Je t'ai cherché ! Encore et encore !

    - Pas assez alors. Dit-il, durement, bien que j'arrivai à percevoir de la tristesse derrière ce ton. C'est trop tard. Lana ! Tu ferai mieux d'abandonner l'espoir de me ramener. Je ne suis plus comme avant.

     

    Sa voix, son regard, s'étaient faits plus doux et j'y croyais. Je croyais à cette lueur d'espoir, cette lumière, qui venait d'apparaître. Il était encore là, je devais le sauver.

     

    - Je viendrais et te sauverais, je te le promets ! Au moins toi, j'y arriverais. Attends-moi encore un peu, Alex.

     

    Il me fit un sourire triste et s'apprêta à dire quelque chose avant de disparaître dans un portail noir. Sans que je ne puisse réagir, une flamme en sortit et se dirigea vers moi. J'étais incapable de bouger, la scène me sembla comme au ralenti.

     

    Je voyais la mort arriver pour moi et je ne ressentais rien à part une peur immense. Aucun souvenir ne défila sous mes yeux et je les fermai pour ne pas voir ma mort.

     

    - « Dissipation » !

     

    J'ouvris les yeux subitement et vis Edgar devant moi. L'attaque disparut d'un coup et le portail se referma. Je retombais durement au sol. Je n'essayai même pas de me relever, je me sentais si mal, le cœur au bord des lèvres, le sang battant à mes tempes, je tremblais de toute part.

     

    Mon sauveur me fit une légère étreinte et, au bout de plusieurs minutes, je réussi enfin à me calmer.

     

    - Merci...

    - Je suis désolé, Lana...

    - ... ?

     

    Une vive douleur me frappa à la poitrine et je le repoussai d'un geste vif. À peine détachée de lui, je vis mon ventre se tâcher de sang ; un poignard y était planté. Je le retirai rapidement mais mes compétences de soin étaient toujours en piètre état à cause de la fatigue.

     

    Je me relevai tant bien que mal en prenant appui sur le mur tandis que lui se relevait, tout sourire. Était-ce vraiment Edgar ? Cela avait pourtant été sa capacité à l'instant non ?!

     

    - Qui es-tu ? Pourquoi tu es-

    - Moi ? Oh c'est simple. Je suis sûr que tu peux me reconnaître Lana !

     

    Je vis alors ses prunelles devenir dorées et ses cheveux passer à un rouge rubis. Son corps se remodelait entièrement jusqu'à devenir celui d'un autre. De la couleur de peau, qui passa de claire à basanée, à sa taille, il prit quelques centimètres.

     

    Je pouvais le reconnaître entre mille. C'était Kagami. Un de mes anciens amis, qui m'avait aidée, beaucoup aidée même. Jusqu'à son départ en Amérique ; où je n'avais plus eu de ses nouvelles.

     

    Que lui était- il arrivé ?

     

    Ce caractère ne lui ressemblait pas. J'avais l'impression d'être face à un inconnu. Pourtant, il fallait me rendre à l'évidence, cette cicatrice, cette apparence et surtout cette capacité : « Le miroir du mensonge » qui lui permettait de copier une personne à partir du moment où il buvait un échantillon de leur sang, c'était bien lui.

     

    - Kagami, pourquoi es-tu ici ?

    - J'ai l'habitude de faire des voyages solos tu sais. Mais, ces temps-ci, l'ennui était présent alors j'ai infiltré la SP en quête de sang nouveau. J'ai rencontré ton ami, Alex. J'ai appris qu'une bataille allait avoir lieu alors j'ai voulu te rendre visite !

     

    Je tentais de me reculer mais tombais encore au sol. Je reculais alors du mieux que je le pouvais vers la sortie, pitoyablement, tandis qu'il se rapprochait de moi, lentement et doucement, tel un prédateur qui avançait vers sa proie. C'était assez déconcertant.

     

    Je pouvais voir des fines gouttes de sueur tombait sa peau basanée et ses pupilles dorées s'étaient fendues comme celles d'un chat. Il lécha alors ses lèvres d'un air affamé, envieux, et, pour la première fois, j'eus peur de lui.

     

    Peur de Kagami, un allié inestimable, un ami, un confident. Il ne semblait pas lui-même et j'avais peur de ce qu'il pouvait me faire. Et j'étais aussi terrorisée de par ma faiblesse et mon incapacité à me défendre face à cet inconnu qui se dressait devant moi.

     

    - Pourquoi ne pas s'amuser un peu ? Murmura-t-il tandis que je frissonnais de dégoût en sentant ses mains se balader un peu trop. Je vais prendre soin de toi, Lana.

     

    Oh non ! J'essayais de me défendre mais affaiblie par ma blessure et les combats précédents, ma tentative résistance était inutile. J'essayais de respirer calmement pour calmer ma panique mais elle continuait d'être erratique.

     

    Tout effort pour me concentrer et ne pas y penser, pour utiliser un tant soit peu ma magie, était vain ; rien n'y faisait. Je fermais les yeux, espérant être sauvée sans trop savoir si j'avais le droit à l'espoir.

     

    Aussi, je voulais oublier ce qui était en train de se passer, comment en étais-je arrivée là ? J'aurais dû être plus vigilante, me méfier davantage. Mais comment aurais-je pu prévoir que Kagami allait réapparaître en tant qu'ennemi ?

     

    - Lana !

     

    Le soulagement. Edgar. Il était là dans le colimaçon, je l'entendais m'appeler. Il pouvait venir à mon secours. Je poussais un cri avant de me faire bâillonner par la main de mon assaillant mais je savais qu'il m'avait entendue. Kagami fut repoussé et soudainement, libérée par son poids, je respirai un grand coup en retombant, soulagée.

     

    Quelque part, j'étais déçue que ce ne soit pas le vrai Edgar qui se soit tenu à mes côtés durant ces instants précédents. Il m'avait quand même sauvée. Je ne pouvais que lui en être reconnaissante.

     

    Il redirigea son attention sur moi et fronça les sourcils en me voyant ainsi affalée contre le mur. Cependant ce détournement d'attention lui valut un sévère choc sur la tête infligée par son adversaire, pas encore hors d'état de nuire.

     

    Je criais son nom en le voyant s'effondrer au sol et en remarquant le rouge qui parsemait ses cheveux et se rependait sur le sol. Mon corps se tendit et avec soulagement je vis ma main se couvrir d'un halo violet, signe que ma magie était revenue.

     

    J'étais prête à agir si Kagami me faisait quoique ce soit.

     

    Malheureusement, il réagit plus vite que je ne le pensais et, au plus proche de moi, il attrapa ma main, me tirant vers lui.

     

    - Tu es différente des autres, Lana. Tout comme moi. Le destin nous oppose mais je sais que tu peux changer cela. Range-toi de mon côté et régnons sur le monde, un jour !

     

    Sans me laisser le temps de réagir, il déposa un baiser léger sur mes lèvres puis se détacha et disparut en montant les escaliers. Étrangement, je ne ressentis rien par rapport à. Juste un vide inconfortable. Je me relevais, chancelante, en essuyant mes lèvres, je me dirigeais vers Edgar.

     

    Il avait les yeux ouverts mais peinait à les garder ainsi. J'esquissais un sourire désolé à son égard, avant de regarder d'un peu plus près sa blessure. D'une manière un peu dramatique, la fatigue et la douleur me retombèrent dessus, renforçant le fait que j'avais du mal à me concentrer.

     

    Je repensais au baiser d'il y avait quelques instants, mais je n'arrivais pas à être heureuse ou en colère, déçue ou dégoûtée, ou quoique ce soit d'autre. Je ressentais juste de la tristesse. La tristesse de retrouver mon vieil ami dans cet état-là, sans pouvoir le reconnaître. Mais que lui était-il donc arrivé ?

     

    - Ed, je suis désolée du coup que tu t'es pris mais pourquoi tu t'es détourné du combat ?

    - Je me suis dit que ça faisait longtemps qu'on n'avait pas été en face à face. J'ai vraiment été un piètre ami. J'aurais dû te soutenir et au lieu de ça … je t'ai-

    - Ne t'en fais pas pour ça. Ça va mieux à présent, tout va mieux.

    - Je suis heureux d'avoir ton pardon.

     

    Il ferma les yeux, sombrant dans l'inconscience. Cette conversation m'avait fait du bien au moral. Je le connaissais depuis longtemps, il m'était cher alors me savoir en froid avec lui me mettait mal.

     

    Chaque mouvement que je faisais était une torture. Irradiée par la fatigue, mes yeux papillonnaient, ma vision était troublée et parsemée de tâches noires mais je ne pouvais me résoudre à le laisser dans cet état-là. Ma capacité [Guérison] allait-elle suffire ?

     

    Je commençais seulement à attaquer la partie du crâne qui saignait le plus quand j'entendis à nouveau des pas. Jess, Clara et Alban arrivaient. Kagami se serait-il caché parmi eux ? Je n'eus pas trop le temps de me questionner davantage car je devais me concentrer sur ma tâche.

     

    Stopper le saignement à cet endroit du cortex cérébral tout en réparant les lésions (s’il y en avait) n'était pas une partie de plaisir.

     

    - Il s'est passé quoi ici ? S'exclama Clara en se précipitant un peu malgré elle vers Edgar, soucieuse de son état.

    - On a été attaqués à nouveau. Un adversaire est survenu à travers un portail et a remporté Tania avec lui, sans qu'on ait le temps de faire quoique ce soit. Au fait quel était le but de Demonic lors de ses expériences sur les enfants ?

     

    Le silence envahit la pièce suite à cette question. Évidemment, c'était un piège pour m'assurer que Kagami n'était pas parmi eux. Cela ne semblait pas être le cas, étant donné qu'aucun ne comprenait ce que je venais de dire. Après il pouvait aussi jouer la comédie.

    Entre temps, je finissais de soigner la plaie d’Edgar. Bientôt, elle fut entièrement refermée et j'en étais grandement soulagée.

     

    - N'y pensez plus, c'était juste un test. Si qui que ce soit adopte un comportement inhabituel ou anormal, faites-m’en part. Oups.

     

    Ma vision était à nouveau trouble et tâchée. Je sentais que j'allais m'effondrer, je me sentais mal, comme si ma tête allait exploser. Je fermais les yeux un instant, calmant ma respiration et mon corps, puis je tentais de me relever. Difficilement.

     

    Je pris appui sur le mur avant que Jess ne me prêtât son aide tandis que Alban et Clara réussissaient tant bien que mal à prendre le blessé. Je rejoignis un salon et m'allongeai sur le canapé, laissant les autres se mettre un peu où ils voulaient dans cette salle.

     

    - Sa capacité est vraiment énorme. Mais tu sais au début, je n'y croyais pas et-

    - Au final, c'était un petit peu douloureux mais ça en valait la peine !

    - Ouais !

     

    Avec amusement, j'entendais Kuro et Shiro approcher de la pièce. Savoir qu'ils allaient bien et étaient guéris me soulageait d'un poids. Je me redressais, adoptant une posture assise mais toujours aussi relâchée. La porte s'ouvrit et ils entrèrent à tour de rôle, tout joyeux et légers.

     

    - C'était Kagami ? Celui qui vous a attaqué ?

    - Oui. Mais ne fourrez pas trop le nez dedans. Rentrez à la base, tout le monde sera heureux de vous voir, leur dis-je avec un sourire chaleureux.

    - Est-ce qu'ils ont parlé d'un nouvel objectif ?

     

    La demande de Jess fut ponctuée d’un petit silence où les deux étaient en train de réfléchir. Shiro claqua alors des doigts.

     

    - Comme leur objectif d'Imperaair et d'Imperaeau est au point mort, ils veulent tenter quelque chose avec l'Imperafeu.

    - Imperafeu  ? Alex ? Je suppose que sa puissance est convoitée. Ils veulent dominer le monde avec un seul Empereur, ce qui ne marchera pas.

    - Tu en sais beaucoup. Nota Clara, impassible.

    - Il ne faut pas qu'ils mettent la main sur l'Ombre-Lumière, ce serait catastrophique.

     

    Ces quelques paroles adressées à l'ensemble n'était, en fait, que dirigée vers Kuro qui le comprit et le confirma par un discret hochement de tête entendu. Les jumeaux s'en allèrent ensuite, voulant aller voir Liska et Kalen. Ma fatigue s'est dissipée un peu et l'angoisse est totalement retombée, en face de moi, mon trio d'amis s'assit sur une autre banquette et des fauteuils.

     

    - Au fait, que sont les Empereurs ?

    - Je n’aime pas le reconnaître, mais je n'en sais rien non plus.

    - Les Empereurs sont à vrai dire très puissants. Commença Clara avec un certain dédain. Ils sont capables de beaucoup, on peut les qualifier de-

     

    Je ne pus m’empêcher de claquer de la langue de désaccord ce qui l’interrompit net et attira les regards sur moi. Clara haussa les sourcils à mon attention et je lui fis un sourire d'excuse avant de reprendre son explication.

     

    - Les Empereurs étaient 4 détenteurs aux pouvoirs élémentaires : eau, air, feu et terre. Ils dirigeaient une grande organisation internationale de détenteurs, d'où la comparaison avec un empire et d'où leurs surnoms bien que chacun ait un titre spécifique tenu du nom de son pouvoir.

     

    Tous ceux présents dans la pièce semblait captivés par mes paroles. C'est vrai que, vu que l'Empire en entier n'était pas resté très longtemps sur le marché, certaines personnes n'avaient pas pu le connaître.

     

    - Surpuissants, ils ont longtemps été inégalés et ont pendant à peu près trois ans dominés le marché. Cependant, la SP s'est lancée dans des attaques et des guerres qui n'arrêteraient que s'ils se rendaient. Deux d'entre eux se sont rendus, les deux autres ont disparu. Cette histoire date d'au moins … 7 ans ?

     

    Le silence envahit la pièce. Je me relevais encore un peu tremblante mais ça allait mieux. Je me dirigeais ensuite vers l'infirmerie pour soigner les quelques blessures restantes. Je jetais un coup d’œil aux blessures de Edgar mais son état semblait nettement mieux, il avait juste des bandages à la tête mais je m'étais occupée de la plupart.

     

    Quand il m'aperçut, il me sourit avec gratitude avant de replonger en pleine discussion avec Sylvain, son partenaire de mission et ami de longue date.

     

    Je sortis alors de la base, écrasée par l'impression d'être à part, et m'étirais un peu, le corps engourdi. Avisant une souche d'arbre dans une clairière, je m'assis dessus, profitant du calme pour m'apaiser l'esprit.

     

    Le ciel s'assombrit d'un coup.

     

    L'ambiance calme et paisible fut balayée par une violente tempête qui surgissait devant moi, prête à engloutir la base et l'alliance. Les vents violents déracinaient les arbres et me donnaient l'impression que je vais m'envoler d'un instant ou un autre.

     

    Tout était devenu tellement bruyant et l'ouragan était tellement proche ! On n’aura jamais le temps d'évacuer …


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    - « Dissipation » ! Mon pouvoir ne marche pas …

    - Ed ! Pourquoi es-tu déjà sorti de l'infirmerie ? Ce doit être un Briseur de Limites. Il a sûrement dû développer une sorte « d'immunisation » face à ce genre d'effet. On doit rentrer.

     

    Les « briseurs de limites » étaient peu nombreux. Les détenteurs étaient nommés ainsi quand leur pouvoir avait atteint une telle force qu'ils étaient difficilement égalables. Souvent l'atteinte de ce niveau signifiait la gagne d'un supplément à leur capacité. Les Empereurs pouvaient être considérés comme des briseurs de limites.

     

    - Et si on utilisait le pouvoir de Sylvain ?

    - Son pouvoir « Blizzard » qui déclenche des illusions ? Il nous dissimulerait mais la tempête nous passerait quand même dessus !

     

    J'étais bloquée. Littéralement. Même si ce n'était pas la première fois que ça m'arrivait, ça faisait toujours un choc quand je n'arrivais pas à trouver une solution, un moyen de sauver les gens qui m'étaient cher. Un cyclone de cette envergure, comment le bloquer ?

     

    Comment empêcher qu'il ne raye la base de la carte ? Je ne pouvais pas- … oh. Si on ne pouvait pas la stopper, autant s'en protéger. En utilisant mes pouvoirs, je pouvais être capable de dresser une barrière, quelque chose, autour de l'alliance pour la protéger.

     

    Je devais réussir.

     

    Beaucoup trop de vies étaient en jeu. Et aussi, vu la vitesse à laquelle la tempête se rapprochait, je n'avais pas intérêt à m'attarder une minute de plus ici.

     

    - Rentrons.

     

    Nous courûmes jusqu'à l'entrée et je m'arrêtais alors. Concentrant toute mon énergie dans le bout de mes doigts, je visualisais une barrière de lierres, de branches et d'arbres entourer entièrement le domaine, formant un dôme protecteur.

     

    Un instant, mes mains crépitèrent puis un cercle d'invocation prit place et fit s'élever une végétation dense tout autour de nous. Juste à temps, car je sentais la tornade à nos portes. Je la sentais, forte et violente, tempêter contre le mur, essayant de se creuser un passage à travers.

     

    Je tenais bon, à peu près, car de grosses bourrasques réussissaient à franchir la barrière, me soulevant légèrement. Je me maintenais au sol, accroupie, résistant du mieux que je le pouvais, une douleur insoutenable dans tout le corps.

     

    Les intempéries continuaient sans relâche alors que je sentais des mains sur mes épaules ; on me maintenait à terre et me soutenait, merci à eux. Après des dizaines de minutes qui semblèrent une éternité, la tempête disparut en un dernier souffle, plus violent que les précédents qui me souleva et me projeta plus loin.

     

    Je n'étais pas capable de me lever, la fatigue transcendait tout mon corps. Je m'effondrai par terre, incapable de résister plus longtemps. Je sentais qu'on me transportait. Oscillant entre conscience et inconscience, je n'avais la force de rien faire et, bien vite, j'arrêtais de lutter et sombrais.

     

    - Qu'était-ce ça ? La barrière était gigantesque, je n'avais jamais vu un pouvoir comme ça.

    - Ça me fait penser à la discussion qu'on a eu plus tôt. Je reste perplexe par rapport à nos chances mais ensemble, peut-être qu'elle a raison et que-

     

    J'ouvris les yeux brusquement. Ces quelques murmures m'avaient réveillée. Carole et Yan se tenaient debout devant moi. Il avait sa peau basanée bandée de toute part, signe de sa grosse implication lors du combat précédent, mais l'air totalement reposé. Tandis qu'en total contraste, elle avait une peau pâle peu voire pas bandée et les traits tirés de fatigue.

     

    À l'autre bout de mon lit, Edgar était assis nonchalamment par rapport à Clara qui se tenait seulement appuyée contre l'un des barreaux. Leurs visages s'illuminèrent faiblement quand ils me virent éveillée.

     

    - Lana bon sang ! Cela fait un jour et demi que tu es inconsciente !

    - Autant ? Ah. Abuser de mon pouvoir est vraiment nocif.

    - Ta barrière est restée activée. Plus personne ne peut s'infiltrer et c'est une bonne chose mais plus personne ne peut sortir.

     

    Oups. Cela avait été peut-être un peu trop puissant ? Je n'avais jamais tenté de créer une barrière mais j'étais fière d'avoir réussi.

     

    - Est-ce normal ? Enfin, que ça tienne aussi longtemps ? Questionna Yan avec inquiétude.

    - Je ne sais pas. Je vais aller la désactiver et- ouah.

     

    À peine j'essayais de me lever que la pièce se mit à tanguer. Mes jambes étaient faibles. Beaucoup trop faible pour porter mon corps. Alors je tombais rapidement, me rattrapant du mieux que je le pouvais au lit. J'étais frustrée.

     

    Bien sûr, j'avais réussi mon objectif et avait sauvé la base mais si c'était pour me retrouver dans cet état-là ? J'avais besoin d'être forte. J'avais besoin de toute ma puissance si je voulais sauver Alex.

     

    Clara secoua la tête, l'air désolée, avant de s'approcher de moi. Elle et Edgar m'aidèrent à me relever et me donnèrent leur appui pour m'emmener à la barrière.

     

    Effectivement, c'était étrange qu'elle tienne encore debout. J'en étais la première surprise. Et pourtant, à peine je l'effleurais qu'elle s'ouvrit et commença à disparaître, petit à petit, aspirée par le sol même. Je me forçai à me détacher de leur aide et à marcher par moi-même. Je voulais aller voir le médecin du Clan.

     

    Calys Urion, reconnue pour sa capacité : « Soin Intensif », qui permettait de soigner et de faire s'estomper blessure comme fatigue. Et, étant donné que je ne pouvais me soigner moi-même au vu de mon état, c'était mon dernier espoir.

     

    - Tu es sûre ? Ce peut être très douloureux.

    - Fais-le.

    - D'accord, soupira-t-elle, mais je t'aurais prévenue.

     

    La séance qui suivit était douloureuse. Je n'arrivais pas à l'exprimer d'une quelconque façon. Je ne pouvais pas crier, pas pleurer. Je sentais et subissais juste la souffrance qui se répercutait dans tout mon corps. Et, durant ce laps de temps, je me rappelais de beaucoup de choses qui, même après la fin du traitement, continuèrent à défiler devant mes yeux.

     

    « On ne peut pas continuer comme ça ! »

     

    Quatre silhouettes étaient sous un arbre, le paysage était magnifique. Il n'y avait pas de vent. Ils se disputaient violemment, en venant presque aux coups et aux cris.

     

    « Ils ont l'Ombre- Lumière ! S’ils le ramènent à la vie, ce sera la fin de tout ! On ne peut pas laisser ça arriver ! »

    « Ils vont à nouveau nous expérimenter si on y retourne ou même nous tuer ! On pourrait céder place à nos Impereurs ! Et on peut le battre, tant qu'on est ensemble, on le peut ! »

    « C'est notre mission ! »

    « C'est nos vies ! »

     

    Deux avis contre, deux avis pour. C'était partagé, c'était mitigé. Le monde dépendait de leur choix. Pourtant, ni les uns ni les autres ne voulaient céder.

     

    « Désolé, au revoir. »

     

    Une dernière tape sur l'épaule, un dernier mot et deux s'étaient détournés et s'en étaient allés. Deux autres étaient restés mais n'avaient pas pleuré cette perte, cet ''au revoir'' qui pouvait être plutôt un ''adieu''. Malgré tout, ils avaient mal.

     

    Leurs amis, leurs égaux. Ils avaient été trop gentils ou trop peu confiants en leurs capacités communes. Ils auraient pu ne pas y aller, faire en sorte de se battre ensemble. Mais non, ils ne voulaient pas mettre le monde en danger. Chacun avait choisi sa voie. Deux partis, deux restés, plein de regrets.

     

    « Aurions-nous dû … Que pouvions-nous y faire ? Je sais bien. Faisons en sorte de rester ensemble okay ? Je te protégerais au péril de ma vie, toujours. Je t'aime. »

     

    Quelques temps après, l'un des deux avaient à son tour disparu. Laissant, l'autre livré à une solitude immense.

     

    Toutes ces choses insupportables dont je me souvenais. Je ne pouvais pas arrêter les arrêter. Ils affluaient et je me sentais encore plus mal, plus vide et plus seule qu'avant. Toutes les actions et occasions que j'avais manqué durant ma vie. Il y en avait tellement …

     

    - Lana ! J'ai des nouvelles et elles ne sont pas bonnes du tout ! S'exclama un Kuro, essoufflé et angoissé, qui venait d'arriver en courant. L'Ombre-Lumière m'a montré Alex. Il était enchaîné à un pilier étrange et relié à une machine bizarre. Il semblait souffrir le martyr !

    - Ils ont découvert que- … Attends, tu as utilisé le livre ?

    - Non, je l'ai effleuré et cette vision est apparue.

     

    Comment avaient-ils découvert son secret ? Comment était-ce même possible ? Ils l'avaient capturé sans même connaître son identité. Ils n'avaient jamais eu aucun indice quelconque de qui il était. Je le savais ou plutôt m'en doutais. Alex savait, tout comme moi, à quel point ce pouvait être mauvais de divulguer son identité à la SP.

     

    - Y avait-il une personne atypique ? Quelqu'un avec une cape ou qui se démarquait d'une quelconque manière que ce soit ?

    - Autour de lui, il y avait … il y avait beaucoup de monde. Mais je crois bien avoir aperçu quelqu'un caché dans la pénombre. Mais il n'a été visible qu'un instant, je ne peux même pas être sûr que je n'ai pas rêvé.

     

    Tout s'éclaircit alors en un seul instant. J'avais du plomb dans l'estomac et la bouche sèche, très sèche. Le danger nous guettait un peu trop à mon goût. Kagami avait sûrement été là-bas et y était peut-être encore ?

     

    Kuro me regarda, indécis, avant de se décider à saisir mon poignet et à m'entraîner je ne sais où, d'ailleurs, je me laissais aller, tellement j'étais mortifiée.

     

    On arriva dans un petit salon/bureau où étaient réunis beaucoup de personnes, ce qui me mit d'emblée mal à l'aise. Leurs regards étaient tous rivés sur moi. Je me sentais très angoissée mais pris la parole quand même.

     

    - On devrait … lancer un assaut envers la SP. Un assaut sauvetage et aussi récolte d'informations.

    - Maintenant ? Comment ? On n'a aucun plan, ce serait du suicid-

    - J'ai des plans. J'ai … tout ce qu'il faut pour y aller alors pourrait-on partir ?

    - Quelles raisons poussent ton empressement ? Qu'est-ce qui nous dit que ce n’est pas un piège ?

     

    Je sentis à côté de moi Kuro, sur le qui-vive, prêt à répondre mais je le stoppais. De même que je le fis pour Edgar, Alban, Jess. Ils ne devaient pas intervenir, c'était à moi de leur donner une raison de me suivre, de leur prouver que j'étais avec eux.

     

    - Vous n'avez pas à me croire. Je comprends avoir trahi la plupart, et que cela ne peut pas être négligé, mais je vous en conjure, je dois sauver un ami. Pourquoi vous aurais-je sauvé de cette tempête si c'était pour vous trahir ensuite ? Pourquoi aurais-je voulu aller au bout de cette alliance si c'était pour m'en débarrasser ? Posez-vous les bonnes questions.

     

    Quelques murmures flottaient toujours dans la salle et je ne savais pas quoi faire. Comment avoir leur confiance à tous ? Comment faire en sorte qu'ils me croient ? Les chefs de l'Alliance n'étaient même pas là …

     

    - Réfléchissez-y bien, je vous donne des plans, des moyens de déstabiliser l'ennemi. Ce n'est pas une occasion qui se représentera tous les jours et ce n'est pas une offre que je fais à la légère.

     

    Je m'assis alors, la tête dans les mains et poussais un soupir profond. La panique envahissait mon esprit. Ce n'était pas bon du tout et, en m'imaginant les tortures que j'avais vécu expérimentées par Alex en pire, un profond malaise envahit mon esprit. J'avais envie de vomir.

     

    Peu importe, s’ils n'acceptaient pas, j'y allais seule ! Les murmures avaient envahi la pièce et ils commençaient leurs délibérations, indécis, mais je n'avais pas le temps pour ça.

     

    - Croyons-la et, au pire, envoyez-moi et Ed avec elle si ça vous rassure. Mais ne perdons pas plus de temps devant une telle stratégie. Déclara Clara d'un ton calme et réfléchi.

     

    Avait-elle senti ma détresse et était venir à mon secours ? Quoiqu'il en soit, elle était ma sauveuse car, dès lors, les chuchotements se turent et ils opinèrent, entendus.

     

    Très vite, j'exposais les cartes et les plans que j'avais. Cela se consistait en trois fronts. Un qui s'introduisait dans le centre de recherche et laboratoire, un autre qui allait vers le centre de contrôle pour pirater le système et la dernière équipe, la mienne, qui allait dans l'aile ouest des prisons où était retenu Alex.

     

    Après négociations, Kuro eut la permission de venir avec moi, se séparant avec difficulté de Shiro.

     


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