• Chapitre 7 - Étrange barrière

     

    - « Dissipation » ! Mon pouvoir ne marche pas …

    - Ed ! Pourquoi es-tu déjà sorti de l'infirmerie ? Ce doit être un Briseur de Limites. Il a sûrement dû développer une sorte « d'immunisation » face à ce genre d'effet. On doit rentrer.

     

    Les « briseurs de limites » étaient peu nombreux. Les détenteurs étaient nommés ainsi quand leur pouvoir avait atteint une telle force qu'ils étaient difficilement égalables. Souvent l'atteinte de ce niveau signifiait la gagne d'un supplément à leur capacité. Les Empereurs pouvaient être considérés comme des briseurs de limites.

     

    - Et si on utilisait le pouvoir de Sylvain ?

    - Son pouvoir « Blizzard » qui déclenche des illusions ? Il nous dissimulerait mais la tempête nous passerait quand même dessus !

     

    J'étais bloquée. Littéralement. Même si ce n'était pas la première fois que ça m'arrivait, ça faisait toujours un choc quand je n'arrivais pas à trouver une solution, un moyen de sauver les gens qui m'étaient cher. Un cyclone de cette envergure, comment le bloquer ?

     

    Comment empêcher qu'il ne raye la base de la carte ? Je ne pouvais pas- … oh. Si on ne pouvait pas la stopper, autant s'en protéger. En utilisant mes pouvoirs, je pouvais être capable de dresser une barrière, quelque chose, autour de l'alliance pour la protéger.

     

    Je devais réussir.

     

    Beaucoup trop de vies étaient en jeu. Et aussi, vu la vitesse à laquelle la tempête se rapprochait, je n'avais pas intérêt à m'attarder une minute de plus ici.

     

    - Rentrons.

     

    Nous courûmes jusqu'à l'entrée et je m'arrêtais alors. Concentrant toute mon énergie dans le bout de mes doigts, je visualisais une barrière de lierres, de branches et d'arbres entourer entièrement le domaine, formant un dôme protecteur.

     

    Un instant, mes mains crépitèrent puis un cercle d'invocation prit place et fit s'élever une végétation dense tout autour de nous. Juste à temps, car je sentais la tornade à nos portes. Je la sentais, forte et violente, tempêter contre le mur, essayant de se creuser un passage à travers.

     

    Je tenais bon, à peu près, car de grosses bourrasques réussissaient à franchir la barrière, me soulevant légèrement. Je me maintenais au sol, accroupie, résistant du mieux que je le pouvais, une douleur insoutenable dans tout le corps.

     

    Les intempéries continuaient sans relâche alors que je sentais des mains sur mes épaules ; on me maintenait à terre et me soutenait, merci à eux. Après des dizaines de minutes qui semblèrent une éternité, la tempête disparut en un dernier souffle, plus violent que les précédents qui me souleva et me projeta plus loin.

     

    Je n'étais pas capable de me lever, la fatigue transcendait tout mon corps. Je m'effondrai par terre, incapable de résister plus longtemps. Je sentais qu'on me transportait. Oscillant entre conscience et inconscience, je n'avais la force de rien faire et, bien vite, j'arrêtais de lutter et sombrais.

     

    - Qu'était-ce ça ? La barrière était gigantesque, je n'avais jamais vu un pouvoir comme ça.

    - Ça me fait penser à la discussion qu'on a eu plus tôt. Je reste perplexe par rapport à nos chances mais ensemble, peut-être qu'elle a raison et que-

     

    J'ouvris les yeux brusquement. Ces quelques murmures m'avaient réveillée. Carole et Yan se tenaient debout devant moi. Il avait sa peau basanée bandée de toute part, signe de sa grosse implication lors du combat précédent, mais l'air totalement reposé. Tandis qu'en total contraste, elle avait une peau pâle peu voire pas bandée et les traits tirés de fatigue.

     

    À l'autre bout de mon lit, Edgar était assis nonchalamment par rapport à Clara qui se tenait seulement appuyée contre l'un des barreaux. Leurs visages s'illuminèrent faiblement quand ils me virent éveillée.

     

    - Lana bon sang ! Cela fait un jour et demi que tu es inconsciente !

    - Autant ? Ah. Abuser de mon pouvoir est vraiment nocif.

    - Ta barrière est restée activée. Plus personne ne peut s'infiltrer et c'est une bonne chose mais plus personne ne peut sortir.

     

    Oups. Cela avait été peut-être un peu trop puissant ? Je n'avais jamais tenté de créer une barrière mais j'étais fière d'avoir réussi.

     

    - Est-ce normal ? Enfin, que ça tienne aussi longtemps ? Questionna Yan avec inquiétude.

    - Je ne sais pas. Je vais aller la désactiver et- ouah.

     

    À peine j'essayais de me lever que la pièce se mit à tanguer. Mes jambes étaient faibles. Beaucoup trop faible pour porter mon corps. Alors je tombais rapidement, me rattrapant du mieux que je le pouvais au lit. J'étais frustrée.

     

    Bien sûr, j'avais réussi mon objectif et avait sauvé la base mais si c'était pour me retrouver dans cet état-là ? J'avais besoin d'être forte. J'avais besoin de toute ma puissance si je voulais sauver Alex.

     

    Clara secoua la tête, l'air désolée, avant de s'approcher de moi. Elle et Edgar m'aidèrent à me relever et me donnèrent leur appui pour m'emmener à la barrière.

     

    Effectivement, c'était étrange qu'elle tienne encore debout. J'en étais la première surprise. Et pourtant, à peine je l'effleurais qu'elle s'ouvrit et commença à disparaître, petit à petit, aspirée par le sol même. Je me forçai à me détacher de leur aide et à marcher par moi-même. Je voulais aller voir le médecin du Clan.

     

    Calys Urion, reconnue pour sa capacité : « Soin Intensif », qui permettait de soigner et de faire s'estomper blessure comme fatigue. Et, étant donné que je ne pouvais me soigner moi-même au vu de mon état, c'était mon dernier espoir.

     

    - Tu es sûre ? Ce peut être très douloureux.

    - Fais-le.

    - D'accord, soupira-t-elle, mais je t'aurais prévenue.

     

    La séance qui suivit était douloureuse. Je n'arrivais pas à l'exprimer d'une quelconque façon. Je ne pouvais pas crier, pas pleurer. Je sentais et subissais juste la souffrance qui se répercutait dans tout mon corps. Et, durant ce laps de temps, je me rappelais de beaucoup de choses qui, même après la fin du traitement, continuèrent à défiler devant mes yeux.

     

    « On ne peut pas continuer comme ça ! »

     

    Quatre silhouettes étaient sous un arbre, le paysage était magnifique. Il n'y avait pas de vent. Ils se disputaient violemment, en venant presque aux coups et aux cris.

     

    « Ils ont l'Ombre- Lumière ! S’ils le ramènent à la vie, ce sera la fin de tout ! On ne peut pas laisser ça arriver ! »

    « Ils vont à nouveau nous expérimenter si on y retourne ou même nous tuer ! On pourrait céder place à nos Impereurs ! Et on peut le battre, tant qu'on est ensemble, on le peut ! »

    « C'est notre mission ! »

    « C'est nos vies ! »

     

    Deux avis contre, deux avis pour. C'était partagé, c'était mitigé. Le monde dépendait de leur choix. Pourtant, ni les uns ni les autres ne voulaient céder.

     

    « Désolé, au revoir. »

     

    Une dernière tape sur l'épaule, un dernier mot et deux s'étaient détournés et s'en étaient allés. Deux autres étaient restés mais n'avaient pas pleuré cette perte, cet ''au revoir'' qui pouvait être plutôt un ''adieu''. Malgré tout, ils avaient mal.

     

    Leurs amis, leurs égaux. Ils avaient été trop gentils ou trop peu confiants en leurs capacités communes. Ils auraient pu ne pas y aller, faire en sorte de se battre ensemble. Mais non, ils ne voulaient pas mettre le monde en danger. Chacun avait choisi sa voie. Deux partis, deux restés, plein de regrets.

     

    « Aurions-nous dû … Que pouvions-nous y faire ? Je sais bien. Faisons en sorte de rester ensemble okay ? Je te protégerais au péril de ma vie, toujours. Je t'aime. »

     

    Quelques temps après, l'un des deux avaient à son tour disparu. Laissant, l'autre livré à une solitude immense.

     

    Toutes ces choses insupportables dont je me souvenais. Je ne pouvais pas arrêter les arrêter. Ils affluaient et je me sentais encore plus mal, plus vide et plus seule qu'avant. Toutes les actions et occasions que j'avais manqué durant ma vie. Il y en avait tellement …

     

    - Lana ! J'ai des nouvelles et elles ne sont pas bonnes du tout ! S'exclama un Kuro, essoufflé et angoissé, qui venait d'arriver en courant. L'Ombre-Lumière m'a montré Alex. Il était enchaîné à un pilier étrange et relié à une machine bizarre. Il semblait souffrir le martyr !

    - Ils ont découvert que- … Attends, tu as utilisé le livre ?

    - Non, je l'ai effleuré et cette vision est apparue.

     

    Comment avaient-ils découvert son secret ? Comment était-ce même possible ? Ils l'avaient capturé sans même connaître son identité. Ils n'avaient jamais eu aucun indice quelconque de qui il était. Je le savais ou plutôt m'en doutais. Alex savait, tout comme moi, à quel point ce pouvait être mauvais de divulguer son identité à la SP.

     

    - Y avait-il une personne atypique ? Quelqu'un avec une cape ou qui se démarquait d'une quelconque manière que ce soit ?

    - Autour de lui, il y avait … il y avait beaucoup de monde. Mais je crois bien avoir aperçu quelqu'un caché dans la pénombre. Mais il n'a été visible qu'un instant, je ne peux même pas être sûr que je n'ai pas rêvé.

     

    Tout s'éclaircit alors en un seul instant. J'avais du plomb dans l'estomac et la bouche sèche, très sèche. Le danger nous guettait un peu trop à mon goût. Kagami avait sûrement été là-bas et y était peut-être encore ?

     

    Kuro me regarda, indécis, avant de se décider à saisir mon poignet et à m'entraîner je ne sais où, d'ailleurs, je me laissais aller, tellement j'étais mortifiée.

     

    On arriva dans un petit salon/bureau où étaient réunis beaucoup de personnes, ce qui me mit d'emblée mal à l'aise. Leurs regards étaient tous rivés sur moi. Je me sentais très angoissée mais pris la parole quand même.

     

    - On devrait … lancer un assaut envers la SP. Un assaut sauvetage et aussi récolte d'informations.

    - Maintenant ? Comment ? On n'a aucun plan, ce serait du suicid-

    - J'ai des plans. J'ai … tout ce qu'il faut pour y aller alors pourrait-on partir ?

    - Quelles raisons poussent ton empressement ? Qu'est-ce qui nous dit que ce n’est pas un piège ?

     

    Je sentis à côté de moi Kuro, sur le qui-vive, prêt à répondre mais je le stoppais. De même que je le fis pour Edgar, Alban, Jess. Ils ne devaient pas intervenir, c'était à moi de leur donner une raison de me suivre, de leur prouver que j'étais avec eux.

     

    - Vous n'avez pas à me croire. Je comprends avoir trahi la plupart, et que cela ne peut pas être négligé, mais je vous en conjure, je dois sauver un ami. Pourquoi vous aurais-je sauvé de cette tempête si c'était pour vous trahir ensuite ? Pourquoi aurais-je voulu aller au bout de cette alliance si c'était pour m'en débarrasser ? Posez-vous les bonnes questions.

     

    Quelques murmures flottaient toujours dans la salle et je ne savais pas quoi faire. Comment avoir leur confiance à tous ? Comment faire en sorte qu'ils me croient ? Les chefs de l'Alliance n'étaient même pas là …

     

    - Réfléchissez-y bien, je vous donne des plans, des moyens de déstabiliser l'ennemi. Ce n'est pas une occasion qui se représentera tous les jours et ce n'est pas une offre que je fais à la légère.

     

    Je m'assis alors, la tête dans les mains et poussais un soupir profond. La panique envahissait mon esprit. Ce n'était pas bon du tout et, en m'imaginant les tortures que j'avais vécu expérimentées par Alex en pire, un profond malaise envahit mon esprit. J'avais envie de vomir.

     

    Peu importe, s’ils n'acceptaient pas, j'y allais seule ! Les murmures avaient envahi la pièce et ils commençaient leurs délibérations, indécis, mais je n'avais pas le temps pour ça.

     

    - Croyons-la et, au pire, envoyez-moi et Ed avec elle si ça vous rassure. Mais ne perdons pas plus de temps devant une telle stratégie. Déclara Clara d'un ton calme et réfléchi.

     

    Avait-elle senti ma détresse et était venir à mon secours ? Quoiqu'il en soit, elle était ma sauveuse car, dès lors, les chuchotements se turent et ils opinèrent, entendus.

     

    Très vite, j'exposais les cartes et les plans que j'avais. Cela se consistait en trois fronts. Un qui s'introduisait dans le centre de recherche et laboratoire, un autre qui allait vers le centre de contrôle pour pirater le système et la dernière équipe, la mienne, qui allait dans l'aile ouest des prisons où était retenu Alex.

     

    Après négociations, Kuro eut la permission de venir avec moi, se séparant avec difficulté de Shiro.

     


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