• Chapitre 8 - Intrusion en base ennemie

    Notre porte d'entrée s'ouvrit dans un grincement peu avenant et nous nous glissâmes dans le couloir non-éclairé. Silencieusement, je menais la marche. Chaque porte, chaque escalier, corridor ou même pièce, traversé me soulageait car je savais que la distance me séparant d'Alex se diminuait.

     

    J'entrais en trombe dans la salle, sans même me soucier des ennemis qui envahissaient l'espace et me précipitais vers lui. La machine semblait être à l'origine même de sa souffrance, elle semblait drainer son énergie.

     

    Je sentis alors deux présences écrasantes dans mon dos mais je ne pris pas la peine de m'en soucier, préférant me concentrer sur les chaînes.

     

    Avec le poignard, accroché soigneusement à ma taille pour la mission, je réussis à les briser à la base même, à défaire le bracelet de fer. Alex gémit faiblement et ouvrit les yeux.

     

    - Imperater, dépêche-toi. Mon gardien n'est presque plus là.

     

    Son gardien ? … Alex. Tout comme moi, il gardait une des capacités « Impereur ». Contrairement aux autres, elles avaient une origine spéciale. À la base, c'était des âmes d'anciens héros égarées et réincarnées dans des corps en tant que don, pouvoir. Pourtant, ils étaient bels et bien là et, quand notre conscience mourait, ils prenaient contrôle de nos corps.

     

    À la base, ils étaient bienveillants sauf si …

    Sauf s’ils se faisaient corrompre.

     

    Mes mouvements s'accélèrent et, enfin, je parvins à le libérer entièrement de ses liens. Alex ou plutôt l'Impereur en lui : Imperafeu, qui était encore conscient, s'effondra dans mes bras. Je jetais un coup d’œil à la bataille où mon équipe se débrouillait bien malgré son nombre inférieur.

     

    Décidant de les aider, je fis, d'un mouvement, apparaître des lianes pour emprisonner des ennemis. Je tournais ensuite mon attention vers mon blessé qui, sur mes genoux, avait bien du mal à respirer.

     

    - Tu dois trouver un moyen de le ramener. Imperater, ton impératrice était très forte à ça. Elle savait … savait me sauver des ténèbres quand j'étais au plus mal. Tu devrais pouvoir le faire … réussir « Le cœur de l'équilibre ».

     

    Ce nom … m'était totalement inconnu. Rien, absolument rien, ne me venait à l'esprit et pourtant ! Pourtant c'était mon seul indice.Un sort alors ? Mais comment pouvais-je le connaître ? Je n'étais pas assez forte.

     

    Cela faisait bien longtemps que je n'avais vu mon impératrice. Je n'avais pas le temps de réfléchir davantage car Imperafeu ferma les yeux et se mit à haleter difficilement, son front, plein de sueur, était brûlant et sa peau blanchissait de seconde en seconde.

     

    « Juste rester à tes côtés suffit à mon bonheur, tu sais ? »

    « Lana ! … Lâchez- la ! Vous n'avez pas le droit ! Non ! Non ! Lana ! »

    « On se reverra, toujours, on est liés après tout. »

    « Ne m'oublie pas ! Je suis là, je serais là encore et encore ! Je t'attendrais, j'ai foi en toi. »

    « Lana ! Enfin, on est libres. Ce cauchemar est fini, je suis si heureux qu'on ait pu en sortir, ensemble. »

    « Je veux continuer à sauver les gens, on doit continuer ! On a enfin trouvé le véritable but de notre but et nous on est là tous les deux, pourquoi devrions-nous ne pas continuer ? »

    « Je t'aime. »

     

    Le choc fut rude. Je me souvenais de trop de choses en même temps. Je me souvenais trop de lui, partout, toujours avec moi. Et je l'aimais tellement. Je devais le sauver mais comment ? Des larmes tombèrent sur son visage, les miennes, je me mordis la lèvre.

     

    Tu peux le faire. Fais-le. Fais-le pour lui.

     

    Mes mains se posèrent sur ses joues. Je n'avais pas l'impression que c'était moi qui dirigeait mon corps à ce moment- là, tout était tellement … automatique. Mon front se posa contre le mien. Et quelqu'un, dans ma tête, prononça « Le cœur de l'équilibre ».

     

    Je me trouvais alors dans une pièce blanche, ou noire, ou grise ? Devant moi, une fille était debout et me fixait, de par ses grands yeux violets, déterminée. Je la reconnue de par son apparence ; c'était Imperater, dans sa tenue de combat habituelle. Elle n'avait pas changé depuis la dernière fois.

     

    Nous voilà à la fin de la route. Finit-elle par dire après quelques minutes de silence. C'est à toi de faire un choix où tu ne pourras aller plus loin. Veux-tu le sauver ?

     

    - Oui. Je le veux mais comment ? Tu sais comment le sauver ? Tu peux … m'aider ?

     

    Un sourire se dressa sur ses lèvres rouges. Ce n'était pas un sourire moqueur mais un rempli de tendresse et d'affection. Elle effleura mon visage d'une main douce avant de répondre.

    Mon Imperafeu ne survivra pas si Alex disparaît, tu sais ? Normalement, quand un hôte meurt, nous, les Impereurs, pouvons posséder leurs corps sans souci pendant un certain moment mais avec ce qui a été fait, il deviendrait aussi fou que nos deux autres amis. Et serait sûrement perdu à jamais.

     

    Elle avait sûrement été mise au courant de tout au travers de moi. Une inquiétude certaine s'échappait d'elle.

     

    De plus, s’il disparaît, que deviendras-tu, chère Lana ? Toi qui as déjà eu tant de malheurs ? Tu ne pourrais pas le surmonter, je le devine. Alors, aies confiance en toi et en lui comme tu l'as fait avec les autres. Libère ton pouvoir et éradique les ténèbres logés en Alex, atteins-les en plein cœur. Parce que c'est nous, Lana, on y arrivera.

     

    Je savais à quoi elle faisait référence. Parmi les quatre Impereurs, eux-deux étaient particulièrement proches comme les deux restants. Et ce, depuis toujours. Ils avaient toujours été ensembles, l'un avec l'autre, l'autre avec l'un. Jamais séparés. C'est pour cela qu'elle arrivait à le raisonner parce qu'ils sont, que nous sommes, liés à jamais.

     

    Je pris la main qu'elle me tendait et, aussitôt, une vague de pouvoir et de puissance m'envahit en entière, ainsi que des nausées, que je supposais être le contre-coup de cette montée de force. C'était à la fois agréable et désagréable de sentir ce corps étranger affluer dans mes veines. Cette fois- ci, ce fut moi qui prononça exactement en même temps qu'Imperater :

     

    - « Le cœur de l'équilibre »

     

    Je ne comprenais rien. Peut-être que … je chutais. Oui c'était ça. Je tombais dans un vide sombre et qui semblait sans fin. Pourtant, derrière moi, il s'illuminait. De tous les côtés, des souvenirs défilaient et je comprenais vite que c'était ceux d'Alex.

     

    Mais pas seulement. Les mémoires se mélangeaient et c'était aussi celles de l'Imperafeu. C'était assez étourdissant, j'étais entrée dans leur esprit. Et la chute continuait.

     

    Mon corps avait commencé à tanguer de tous les côtés. On me criait des mots, des phrases vides de sens. Tout s'accélérait. Les images devenaient trop floues et éphémères pour pouvoir distinguer quoique ce soit. J'avais mal. Une douleur sourde m'envahissait, c'était insupportable. Ma tête semblait être sur le point d'exploser. Je fermais les yeux mais la descente se faisait plus violente encore.

     

    Concentre-toi !

     

    Était-ce moi-même ou l'Imperater qui m'encourageait à ce moment ? Je n'arrivais pas à le savoir.

     

    J'ouvris les yeux. Je cherchais un coin sombre. Un coin à part, distingué du reste, laissé à l'abandon, anormal. Là où le mal même avait élu office. Dès que la chute se stoppa, je tombai brusquement au sol et, en me relevant, je remarquai alors un drôle de cube blanc dans ma main.

     

    C'était bien la seule source de luminosité ici et, cela m'apparut comme une évidence, c'était le fameux « cœur de l'équilibre ». Ici pour faire pencher la balance vers le bien. Le cœur de la lumière.

     

    Et les ténèbres étaient là, autour de moi. De plus en plus oppressants, comme s’ils essayaient de me chasser, de me tuer. Le carré s'agita dans ma paume et, d'un geste machinal, je l'écrasais. Dès lors, les cendres de lumière se muèrent en tempête dont j'étais le centre.

     

    Mon corps était balayé, brisé, et je ne pouvais esquisser un mouvement. Condamnée à subir la douleur abominable qui se répandait dans tout mon corps à l'infini. Mes cris se transformèrent en hurlements aiguës.

     

    Je hurlais à m'en arracher la gorge, dans l'espoir que tout cela cesse. Rien n'y faisait. Je perdais la notion de temps ou même d'espace. Faisait- il sombre, clair ? J'étais entièrement tordue dans un sens et dans un autre.

     

    - Lana, Lana, Lana !

     

    J'ouvris les yeux à nouveau. Mon corps était totalement endolori mais la douleur lancinante avait disparu. Je revenais à moi doucement et me rendait compte de ce qui m'entourait. J'étais, à présent, logée sur les genoux d'Alex. Ravagé, il appelait mon nom sans cesse, fou d'angoisse.

     

    - Oui. Gémis-je faiblement.

    - Lana... ! Je suis désolé. Je ne fais que de te faire du mal, déjà la dernière fois où je t'ai fait endurer tout ça. Excuse-moi. Utiliser ce sort et fusionner avec Imperater, tu es folle !

    - Je ne voulais pas te perdre à nouveau. Mais ce n'est pas fini tant que-

    - Lana, attention !

     

    Le cri de Kuro résonna à mon oreille. Je n'eus pas le temps de me retourner et sentis juste un choc dans tout mon dos. Et j'en souffrais. Je venais d'être projetée contre le mur mais par quoi ? Par qui ?

     

    À demi-consciente, je me sentais être portée, emmenée au loin, mise en sécurité. Tout ce que je pouvais voire était une longue cape blanche se balançant au gré du vent. Ses cheveux étaient noirs ? Bruns foncés.

     

    On dirait Lukas ? Mais il était déjà … Cela voulait dire que j'étais morte ?

    Impossible. J'aurais revu Imperater une dernière fois et ce sentiment, cette souffrance, elle devrait avoir disparue si j'avais été tuée.

     

    Je me réveillais brusquement. J'étais à l'infirmerie ? J'y étais de retour mais comment ? J'étais revenue à la base alors Lukas devait être … ? Non. Il n'y avait personne. Bien vite, Jess et Alban arrivèrent dans la pièce, paniqués.

     

    - Lana ! Que s'est- il passé ? Tu sais où sont les autres ?

    - Et Shiro, elle ne va vraiment pas bien !


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