• Chapitre 30 - Une sépulture et un duo étrange

    Wow. Je me sentais émue. Je sentais que leurs parents pouvaient enfin reposer en paix alors que leurs enfants allaient être réunis. Vraiment réunis. Je lui tendis la lettre de Nathan et Maelys. Avant de partir, il se retourna vers moi.

     

    - Au fait je suis … Non rien. C'est plus drôle comme ça.

     

    J'avais le sentiment qu'il était sur le point de me dire quelque chose d'important mais quoi ? Le temps que je réfléchisse à ses propos, Jess était déjà parti. Je me glissai dans les bois en essayant tant bien que mal de me repérer avec la carte.

     

    Il me fallut bien une demi-heure pour repérer et baliser le chemin. La clairière était verdoyante et magnifique. La structure en son centre, dont la végétation qui grimpait doucement dessus, ne faisait qu'amplifier la beauté de l'endroit.

     

    Je m'approchai de la statue. Un homme et une femme y étaient représentés s'enlaçant amoureusement. Je posai ma main dessus. À ce contact, le lierre se retira légèrement, laissant une stèle apparaître. En marbre gris bordé d'or, l'inscription était faite en argent.

     

    -Plutarc Nonymac- -Julie Toneski-

    XXXX – XXXX XXXX – XXXX

     

    J'effleurai l'écriture du bout des doigts. Aussitôt, elle s'effaça. De nouvelles lettres apparurent, toujours de la même couleur, elles traçaient un message … qui m'était destiné.

     

    Imperater,

    tu vas rencontrer le destin. Une période est sur le point de s'achever et tu le sais. Un endroit délaissé, tien autrefois, pourrait être ta solution.

     

    - Qui es-tu donc ?

     

    Je ne pus m'empêcher de formuler cette question. Je n'en attendais pas forcément une réponse. C'était juste sorti de manière spontanée.

     

    Tu me connais. Tu ne me connais pas. Je suis partout sauf là où je devrais être.

     

    Quelqu'un qui n'était pas là où il devait être ? Pourquoi mon Impereur semblait si triste à ce propos ? Le connaissait-elle ?

     

    Je suis le Pacificateur.

     

    Par surprise, je reculai ma main. Presque immédiatement l'inscription s'effaça, laissant réapparaître l'épitaphe. Ensuite les lianes la recouvrirent sans que je ne puisse rien y faire. Ma paume se posa à nouveau contre la pierre mais plus rien ne se produisit.

     

    Il n'y avait qu'un seul endroit correspondant à ce qu'il me disait. Partout sauf à un endroit. Sauf à l'endroit qui lui appartenait. Son corps. J'avais perdu une chance inestimable de converser avec lui mais j'avais l'endroit que je cherchais.

    Juste avant de partir, je me retournai une dernière fois vers la statue.

     

    - Merci Pacificateur. Merci Julie et Plutarc. Murmurais-je, les yeux fermés, inclinée avec respect.

     

    Je restai quelques secondes dans cette position avant de me relever et de partir en direction de l'Alliance pour aller chercher mon équipe. En tout cas, j’allais chercher Ellie et Tyan. Les autres, je n’étais pas sûre qu’ils viennent.

    Cette fois-ci, je mis moins de temps ou c’est l’impression que j’eue de mon retour. À peine étais-je arrivée à l’entrée que Shiro et Kuro me sautèrent dessus.

     

    - Hey doucement !

    - Désolés. On était tellement pressés de te voir Kuro et moi…

    - …on voulait te remercier vraiment.

     

    Ils semblaient si heureux. C’était impressionnant et si apaisant. Je les serrai doucement dans mes bras. Ce genre de moment était inestimable.

     

    - Tu vas chercher Alex, pas vrai ? Alors laisse-nous venir avec toi !

    - Je vais y réfléchir.

     

    Fallait-il mieux emmener peu ou beaucoup de personnes ? Je sortis du hall et continuai à avancer dans le couloir. De vives voix se dégageaient du réfectoire. J’y jetai un coup d’œil. Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant Ellie et Tyan attablés avec Clara et Liska.

     

    Plus loin, à l’écart des quatre, Clement et Dylan semblaient plongés dans une conversation profonde et pleine de tensions. Ils la cessèrent sitôt ils me virent arriver et vinrent à ma rencontre.

     

    - On a réuni toute ton équipe. Il ne manquait plus que toi.

     

    Sans moi, on était six. Devais-je accepter des personnes en plus ? Le reste du groupe nous rejoignit et quelqu’un me fonça dedans. Si je restai debout, la personne derrière moi tomba. Je me retournai.

     

    - Alban ?! Qu’est-ce qui t’as pris ?

    - Désolé.

     

    Il se redressa en se tenant la tête. Il ne fallut que quelques secondes supplémentaires pour que Edgar arrive à son tour et ce fut lui qui prit la parole.

     

    - En fait on veut venir avec vous. Je sais que Kuro et Shiro te l’ont aussi demandé mais je pense qu’il vaudrait mieux les laisser profiter de Jess pour le moment.

    - D’accord je te fais confiance.

     

    Et je croyais aussi le regard contrarié que posait à cet instant Clement sur lui. Il avait les lèvres vraiment pincées et il finit par murmurer quelque chose à l’oreille de Dylan sans se douter une seule seconde que je l’observai. Scène bien étrange ?

     

    - Bon, m’exclamai-je, coupant court à tout échange, nous sommes au complet alors nous devrions partir !

    - Tu ne nous as toujours pas dit où ?

    - À notre ancienne base, ma chère Liska !

     

    Elle fut surprise un instant mais se ressaisit bien vite, une détermination de fer sur le visage. On ne mit pas trop de temps ; Liska et moi connaissions le chemin par cœur. Elle était d’ailleurs à notre tête et avançait avec hardiesse. Je suivais son allure, essayant de me positionner à ses côtés.

     

    - Pourquoi y mets-tu autant d’énergie ? Pourquoi es-tu consternée ?

    - Quoi ? Je devrais me sentir blessée parce que mes deux meilleurs amis t’ont trahie, m’ont trahie, et ne m’ont jamais parlé de leurs plans ?

     

    Je réussis à lui attraper le bras et remarquai enfin l’expression qu’elle affichait sur le visage, elle se retenait difficilement de pleurer. Elle semblait bouleversée. On s’arrêta. Les autres étaient derrière, on les avait légèrement distancés, on avait un peu de temps. Son air si confiant n’était qu’une façade.

     

    - Tu sais Lana, c’est horrible. Ce genre de situation, on voit ses proches changer alors, au début, on le nie. Au fur et à mesure, ils s’éloignent et on regrette tellement d’avoir fermé les yeux dessus !

     

    Je lui frottai doucement le dos. Petit à petit, ses respirations saccadées se calmèrent et son corps s’arrêta de trembler. Au moment où les autres nous rejoignirent, elle essuyait le semblant de larmes resté dans ses yeux.

     

    - Tout va bien ? S’enquit Clara avec tendresse.

     

    C’était de la véritable inquiétude qui émanait d’elle à cet instant. Elles étaient devenues amies si rapidement. Liska hocha distraitement la tête et elles se mirent à l’arrière du groupe tandis que les autres membres les observaient. Je tapai dans mes mains avant de m’exclamer :

     

    - Allez, allez ! On se remet en route.

     

    Je continuai à marcher, prenant la tête. Edgar se rangea à mes côtés. Tout d’abord silencieux, il se mit à fredonner un air qui m’était familier.

     

    - Tu sais que cette bataille va conduire à une décision importante ?

    - Euh … oui, sûrement ?

     

    Il me sourit d’un air dédaigneux en secouant la tête, semblant dire « tu ne comprends pas ». À vrai dire je voulais comprendre cependant je n’étais pas sûre de pouvoir. Ed avait plus d’information que moi.

     

    On arriva à l’entrée. Un mauvais pressentiment m’envahit et je me stoppai. Heureusement, tout mon groupe suivit mon exemple. À deux pas devant moi, le sol explosa. Une fille et un garçon arrivèrent ensuite.

     

    Ce n’était pas Yan et Carole. Pourtant ils m’étaient familiers.

     

    La fille avait un visage rond ; de longs cheveux bruns aux pointes bleues qui retombaient sur un manteau argent. Une longue robe marine bordée de fils blancs était visible en-dessous. Ses yeux étaient verts. À son cou pendait un collier avec un dauphin en argent et elle tenait un étrange livre dans ses mains.

     

    Le garçon qui l’accompagnait avait des cheveux argent et des yeux de la même couleur. Il abordait un air triste. Un élégant haut-de-forme d’un gris foncé avec un ruban bleu était sur sa tête. Il portait, au-dessus d’une chemise blanche et d’un pantalon noir, un long manteau de même couleur que son chapeau ainsi que des bottes d’un gris plus nuancé. Dans sa main droite, il tenait un étrange parapluie bleu et argent.

     

    - Il y avait 86% de chances qu’ils meurent. Je vais devoir être plus précise. Possibilité C de la troisième stat’ Jibril.

    - Entendu Gwladys.

     

    Elle griffonna quelque chose dans son manuscrit. Un cercle magique se dessina au sol et, aussitôt, les yeux de Jibril s’illuminèrent.

     

    - Je vois, je vois. Puisque c’est ainsi, « Piège » activé !

     

    Il disparut de mon champ de vision. Je clignai des yeux et il réapparut juste à côté de moi. Il avait une grenade dans la main. Avec un sourire, il l’enclencha et disparut à nouveau. Je pouvais crier pour avertir mes camarades mais ça serait trop tard.

     

    J’étendis ma capacité pour couvrir la grenade de magma. Il durcit tout autour et l’explosion fut contenue. Le temps avait semblé être ralenti pour nous et ce garçon avait été si rapide … il y avait, sans aucun doute, de la manipulation temporelle.

     

    Mes réflexes étaient plus rapides que la moyenne mais je n’étais pas sûre de pouvoir réussir à arrêter la prochaine attaque. En jetant un regard en arrière, je pus voir Dylan, l’air parfaitement serein.

    Il avança, fluide et léger, alors que moi je ne pouvais bouger du tout.

     

    - C’est une capacité fort intéressante en effet. Dommage qu’elle ne marche pas sur moi.

     

    Il y eut un crissement et une vague bleue s’échappa de sa main. Quand elle me traversa, je pus constater à quel point elle était froide. Le temps sembla se ralentir à nouveau mais c’était, d’une certaine manière, plus équitable.

     

    Jibril s’apprêta à se lancer vers Dylan mais Gwladys le retint. En y repensant, cet effet temporel était-il dû à leurs deux capacités ?

     

    - Non. Tu as 90% de chances de défaite. Le combat n’est plus en ta faveur, retirons-nous.

     

    Étonnamment, son camarade se calma, comme par automatisme, et s’apaisa. Ils s’écartèrent pour nous laisser entrer tandis que tout redevenait normal. Je fermai la marche.

     

    - Imperater, es-tu sûre de vouloir entrer ?

     

    Je me tournai vers Gwladys. Elle me fixait d’un air triste, ce qui ne semblait être qu’une couverture. Une étrange satisfaction s’échappait d’elle. Ses yeux verts me transperçaient.

     

    - Tu vas devoir faire un choix. Je vois beaucoup de choses. C’est mon dernier avertissement.

    - J’en ai bien conscience.

    - J’ai bien peur que tu en manques.

     

    Avec un dernier sourire insistant, elle se dégagea de mon chemin et s’installa sur une marche à côté, continuant de griffonner dans son livre. Jibril me fixait aussi, le regard vive, l’air absent. Une véritable poupée d’argile.


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